Escapade à Hakone : Nature, Onsen et Vues Imprenables sur le Mont Fuji

Si vous cherchez une parenthèse paisible à quelques heures de Tokyo, Hakone est une destination incontournable. Nichée dans les montagnes de la préfecture de Kanagawa, cette région volcanique duu Japon offre un savoureux mélange de sources chaudes, de paysages spectaculaires, de musées surprenants… et bien sûr, une vue à couper le souffle sur le Mont Fuji. Voici le récit de mon séjour à Hakone, ponctué de lieux à ne pas manquer et de bonnes adresses testées et approuvées.

Depuis Tokyo, j’ai pris le train jusqu’à Odawara (via le Shinkansen ou la ligne JR Tokaido), puis j’ai utilisé le Hakone Free Pass qui donne un accès illimité aux transports locaux (train, funiculaire, téléphérique, bateau, bus…). Pratique et économique !

Le circuit de transport de Hakone : une attraction en soi

Le fameux “Hakone Round Course” est un itinéraire circulaire qui permet de découvrir la région de manière ludique. Voici mon parcours :

  1. Hakone Tozan Railway : un petit train de montagne pittoresque qui serpente à travers la forêt.
  2. Hakone Cable Car : un funiculaire court mais raide.
  3. Hakone Ropeway : téléphérique impressionnant avec vue sur le cratère d’Owakudani (et, par beau temps, sur le Mont Fuji).
  4. Croisière sur le lac Ashi : à bord d’un bateau pirate un peu kitsch mais très fun !

Le lac Ashi et la majesté du Mont Fuji : un moment suspendu

Il y a des endroits où le temps semble ralentir, où chaque pas, chaque souffle, devient plus conscient. Le lac Ashi, enveloppé par les montagnes paisibles d’Hakone, est de ceux-là.

Dès mon arrivée à Moto-Hakone, j’ai été frappé par le calme qui régnait. Pas un bruit, si ce n’est le clapotis régulier de l’eau contre les embarcadères en bois et le bruissement lointain des feuilles agitées par une brise douce. Le ciel était dégagé ce matin-là, un miracle rare dans cette région souvent capricieuse, et tous les regards convergeaient dans la même direction : le Mont Fuji. Là, majestueux, se dressait le volcan sacré, comme peint à l’encre dans le bleu pâle du ciel. Son sommet enneigé flottait presque au-dessus du lac, dans une parfaite symétrie.

Je suis monté à bord de l’un des célèbres bateaux pirates – kitsch à souhait mais étonnamment paisible une fois en mer. Le moteur vrombissait à peine, laissant la quiétude de l’eau et la grandeur du paysage parler d’eux-mêmes. Sur le pont, le vent fouettait doucement le visage, et je ne pouvais m’empêcher de rester immobile, hypnotisé par la silhouette triangulaire du Fuji, lointaine mais étrangement présente, comme si elle m’observait.

Naviguer sur le lac Ashi donne une sensation étrange : celle d’être au cœur d’une carte postale vivante. Les rives boisées défilent lentement, ponctuées de petits sanctuaires, de torii rouges perdus dans la brume, et de collines douces où le vert semble plus profond qu’ailleurs. C’est un paysage que le Japon préserve farouchement, presque religieusement, comme un trésor.

Une fois revenu à terre, j’ai marché le long du sentier qui relie Moto-Hakone à Hakone-jinja, l’un des sanctuaires shinto les plus emblématiques de la région. Le célèbre torii rouge flottant, qui émerge paisiblement des eaux sombres du lac, semblait veiller sur les visiteurs. Là aussi, un moment de silence s’est imposé de lui-même.

Les pas s’amortissent sur le sol moussu, l’air est pur, et même les oiseaux chantent doucement, comme s’ils respectaient la solennité du lieu.

S’asseoir face au lac, le regard perdu entre les reflets des nuages et la silhouette imposante du Fuji, c’est plus qu’un instant de contemplation : c’est une expérience intérieure. On comprend ici, sans explication, pourquoi le Mont Fuji est si souvent représenté dans l’art japonais : il incarne l’équilibre, la force tranquille, la beauté presque divine.

Owakudani : le souffle du volcan

Lorsque le téléphérique s’approche de Owakudani, l’ambiance change brusquement. Fini les forêts verdoyantes et les paysages paisibles du début de la montée : ici, le sol se déchire, crache, fume. En descendant de la cabine, une bouffée d’air chaud et piquant me prend à la gorge. L’odeur soufrée — âcre, presque métallique — est saisissante, inoubliable. Je suis littéralement au cœur d’un paysage volcanique vivant, où la terre semble respirer sous mes pieds.

Partout, la vapeur s’élève en colonnes blanches. Elle sort de crevasses naturelles, entoure les passerelles, s’insinue entre les rochers noircis. Le sol est strié de couleurs étranges — des jaunes vifs, des rouges brûlés — comme si un peintre fou avait laissé éclater sa palette sur ces flancs arides. Des panneaux nous rappellent que nous sommes ici dans une zone volcanique active, et qu’en cas de forte activité sismique, il faudra évacuer. Un frisson court dans le dos, mais l’attraction du lieu est plus forte que la peur.

Et puis il y a les œufs noirs. Les fameux kuro-tamago. C’est presque un rite de passage à Owakudani. Ces œufs sont cuits sur place dans des bassins naturels où l’eau bouillante, chargée de soufre et de minéraux volcaniques, teint leur coquille d’un noir intense. On peut voir les paniers de cuisson en bois être descendus à la vapeur, et les œufs bouillir dans l’eau volcanique, comme un rituel ancestral perpétué dans ce théâtre de roche et de brume.

Je me rends à la petite boutique un peu plus haut pour en acheter. Le sac en toile contient cinq œufs encore chauds, presque fumants.

Je m’assois sur un banc, face à la vallée, et j’en casse un avec précaution. Sous la coquille noire, l’intérieur est tout à fait normal : un œuf dur, crémeux, à peine salé. Mais à ce moment-là, c’est tout sauf un simple œuf.

La légende locale dit qu’en manger un prolonge la vie de sept ans. J’en mange deux — on ne sait jamais. Mais ce que je retiens surtout, c’est la sensation d’être complètement ailleurs. C’est le goût de l’instant, le contraste entre la chaleur de l’œuf et le vent frais chargé de soufre, la beauté sauvage du lieu, l’impression d’être tout petit dans l’immensité d’un paysage qui n’appartient qu’au feu et à la pierre.

À Owakudani, on ne fait pas que visiter un site volcanique : on sent la Terre vivre sous ses pieds. Et c’est une expérience qu’on n’oublie pas.

Culture et art : les musées à découvrir

Hakone est étonnamment riche en musées. Voici mes coups de cœur :

  • Musée en plein air de Hakone (The Hakone Open-Air Museum)

Un incontournable. Ce musée à ciel ouvert combine sculptures modernes et nature, avec des œuvres de Picasso, Miró ou Henry Moore, et même une aire de jeux artistique pour les enfants. Le bain de pieds chaud gratuit à la sortie est la cerise sur le gâteau.

  • Musée Pola

Plus confidentiel, ce musée abrite une collection impressionnante d’art occidental (Monet, Renoir, etc.) et d’art japonais. L’architecture du bâtiment, semi-enterré pour s’intégrer dans la nature, vaut le détour.

L’onsen à Hakone : une expérience mystique

Il y a des expériences qui ne se racontent pas, qui se vivent. Et le bain thermal japonais, ou onsen, en fait partie. Hakone est l’un des endroits les plus réputés du Japon pour cela — avec ses nombreuses sources chaudes naturelles, riches en minéraux volcaniques, c’est presque un sanctuaire de la détente.

Après une longue journée à explorer les vallées fumantes et les rives du lac Ashi, je suis rentré au ryokan, ce hôtel traditionnel japonais niché entre les pins. Une fois mes sandales déposées à l’entrée et mon yukata (kimono léger) enfilé, je me suis dirigé vers les bains, curieux, un peu intimidé. Ici, pas de précipitation. Tout est rituel.

On commence par une douche soigneuse, assis sur un petit tabouret en bois, à se savonner et se rincer avec attention. Puis vient le moment d’entrer dans le bain extérieur – le rotenburo.

Dès que je passe la porte coulissante, je suis saisi par la sensation du contraste : l’air du soir est frais, presque mordant, mais le bain fume comme une source mystique au milieu de la nature. Le bassin, en pierre sombre, est bordé de galets polis, de bambous et de lanternes à la lumière tamisée.

Le onsen n’est pas juste un bain : c’est une purification, une méditation en mouvement, un retour au corps et au moment présent. Et dans un cadre comme Hakone, entre les montagnes, les pins et les sources volcaniques, cette expérience prend une dimension presque spirituelle.

Vous l’aurez compris, Hakone est bien plus qu’une simple escapade depuis Tokyo. C’est un concentré de nature, de culture, de gastronomie et de traditions japonaises. Que vous soyez amateur d’art, passionné de volcans, en quête de détente ou de panoramas spectaculaires sur le Mont Fuji, Hakone a quelque chose à offrir.

Où dormir à Hakone ?

  • Gora Kadan (luxe absolu): Un ryokan 5 étoiles où l’expérience japonaise est poussée à son paroxysme : chambres traditionnelles, cuisine kaiseki raffinée, onsen privé… le tout dans un cadre paisible.
  • Yumoto Fujiya Hotel (confort abordable): Plus accessible mais très agréable, situé à proximité de la gare de Hakone-Yumoto. Bains publics spacieux et buffet japonais/occidental copieux.

Où bien manger à Hakone ?

  • Tamura Ginkatsu-tei (à Gora) : réputé pour son tofu frit farci au porc – un délice !
  • Itoh Dining by Nobu (près de Gora) : cuisine fusion japonaise-française dans un cadre chic mais chaleureux.
  • Bakery & Table Hakone (à Moto-Hakone) : une boulangerie avec terrasse donnant sur le lac, parfait pour un brunch ou une pause sucrée.

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